23 mars 2022

La femme périphérique - Sophie Pointurier

 Auteur : Sophie Pointurier

Editeur : Editions Harper Collins

Genre : Littérature française, contemporaine

Parution : 12 Janvier 2022   -   368 pages



Ma note :

⭐⭐⭐⭐⭐


"Nous sommes en 1990, à l'apogée de la carrière d'un couple de plasticiens. Leur œuvre commune va écrire le parcours atypique de ces deux artistes, symbole des unions et désunions de l'Allemagne. Peter, l'homme de l'Est, artiste entier et passionné dont la portée créatrice emportera tout sur son passage, et Petra, la femme de l'Ouest, technicienne et gardienne du temple, vecteur indispensable de leur œuvre."

Petra et Peter sont un couple d'artistes bien connus des plus grandes galeries d'art depuis la chute du Mur de Berlin. Aujourd'hui, une biographie de l'artiste se prépare. Des questions sont posées. On s'intéresse au passé, aux ex RDA et RFA, et surtout à la disparition de Peter. Car l'homme n'a plus été vu, ni entendu depuis plusieurs années. Les suspicions vont bon train. Les pièces d'art de cet homme, atteint de phobie sociale, ont toujours été gérées par Petra. C'est elle qui dirige tout, y compris sa carrière. Pourtant, aujourd'hui, cette absence pose problème. Et cette biographie contrarie fortement certains galéristes.

C'est l'histoire d'un mystère, d'une disparition dans le milieu de l'art entre Berlin et New-York.

Je remercie les éditions Harper Collins France pour cette lecture.

"La femme périphérique" est un roman qui m'a tout de suite intéressé lorsque j'ai lu le synopsis. En effet, Sophie Pointurier y aborde divers thèmes qui m'interpellent. Dans cette intrigue, il est question d'art, de la place de la femme dans ce milieu très fermé, mais aussi d'histoire car on parle d'art allemand, et de l'Allemagne divisée. Il est très rare de trouver des romans qui évoquent cette période. Vivant à la frontière allemande, mes enfants, ma famille et moi-même ayant des rapports importants avec l'Allemagne, je ne pouvais pas passer à côté de cette lecture. 

Du côté de l'intrigue, on parle d'un couple dont la femme semble avoir pris toute la place. C'est l'histoire d'un homme, d'un effacement, d'une disparition. Une biographe s'immiscie dans cette vie pourtant si bien calibrée depuis de nombreuses années. Car Peter, grand artiste de renom, a une phobie sociale. Il ne se montre pas, ne s'expose jamais, ne donne pas d'interviews et ne rencontre ni journalistes, ni galéristes, ni photographes, personne. C'est Petra qui intervient lors de ces étapes. C'est elle qui gère la carrière de son mari. Sauf que l'idée de ce livre remet en cause tout le petit monde construit par le couple.

Maintenant on s'intéresse à cette absence.  

Du côté des personnages, tout est presque exclusivement centré sur la personnalité de Petra. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Comment vit-elle ? Pourquoi son mari a disparu ? Est-elle intervenue de quelque manière que ce soit dans cette disparition ? Tout est passé au crible. On remonte dans le temps, jusqu'aux années 1980 lorsque le couple ne se connaissait pas encore. On parle du rideau de fer, symbole de la guerre froide. L'Europe, et surtout l'Allemagne et Berlin sont coupés en deux. On ne vivait pas de la même manière à l'Est qu'à l'Ouest. C'est passionnant de lire des morceaux de cette période à travers l'histoire de Petra et Peter.

Et puis, il y a le thème de l'art qui n'est pas en reste. Le circuit d'une œuvre, comment on la dévoile, on la met en valeur, on en fait un objet rare. On parle du milieu des galéristes et de leur pouvoir. On voyage entre l'Europe et les Etats-Unis. Et on découvre la dure réalité des femmes artistes. La question cruciale au sein de ce livre est de savoir quelle est la place des femmes dans les mondes de l'art. Voilà un sujet excellent que j'ai aimé lire. 

"La femme périphérique" est une histoire absolument passionnante, intrigante à souhait. Un très bon premier roman.


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