Auteur : Louise Fein
Editeur : Editions Hauteville
Genre : Littérature anglo-saxonne, historique, contemporaine
Parution : 1er Juin 2022 - 542 pages
Ma note :
⭐⭐⭐⭐⭐/5
Londres, 1929.
Eleanor et Edward Hamilton ont tout pour être heureux. Ils vivent au Manoir de Brook End. Edward est psychiatre. Eleanor est une mère dévouée qui s'occupe de sa petite Mabel.
Les Hamilton sont membres de l'aristocratie anglaise et sont de fervents partisans de la société eugénique. Cependant, Mabel commence à avoir des crises d'épilepsie. Eleanor ne dit rien à Edward, du moins au début. Les crises sont de plus en plus fréquentes et se produisent à tout moment. Il est difficile de les cacher plus longtemps. Cette maladie fait partie de celles contre lesquelles la société eugénique fait campagne. Alors qu'Edward est chargé de travaux appuyant la thèse sur les bienfaits de ce système, la maladie de sa fille risque de lui faire du tort.
Eleanor et Edward vont devoir trouver comment soigner et protéger leur fille sans que cela vienne aux oreilles des membres de la société. Mabel devient l'enfant du secret.
Je remercie les éditions Hauteville et les Ladies de l'édition pour cette lecture.
Ce livre aborde un thème que j'ai encore peu lu dans la littérature. Nous sommes aux prémices de la pensée eugénique durant l'entre-deux-guerre. Cette science prône la sélection naturelle et vise à améliorer l'espèce humaine en favorisant la reproduction de certaines classes tout en éliminant ceux qu'on appelle les indésirables. Maladies héréditaires, handicap, épilepsie ou encore alcoolisme en font partie.
Les Hamilton sont en pleine ascension sociale. Edward est un héros de la Première guerre mondiale. Après de brillantes études, un beau mariage et une fortune bien placée, il fait partie de la bourgeoisie londonienne. Sa place et les travaux qu'il effectue dans le cadre de la science lui apporte confort et reconnaissance. Pourtant, la famille se trouve face au pire. Et c'est Mabel qui est touchée.
L'épilepsie est un personnage du livre. Des chapitres lui sont entièrement consacrés. Elle s'adresse au lecteur, explique sa présence et son but.
"Permettez-moi de me présenter. Mais peut-être nous sommes-nous déjà rencontrés ? Ce n'est pas impossible, car les maladies comme moi sont difficiles à éviter. Je reste tapie dans l'ombre, jusqu'à ce qu'un jour je me manifeste. Je suis d'abord que la caresse d'une plume. Légère comme un frôlement d'aile de papillon ou comme le souffle d'un nouveau-né. Puis je gagne en force et prends forme, telle une feuille qui se déploie. Me voilà, indésirable invitée, rampant dans les recoins sombres d'un esprit. Et peut-être dans celui d'un être qui vous est cher.On me prend d'abord pour quelqu'un d'autre. J'aime ça. Cela fait partie du jeu."
L'alternance des chapitres entre la vie des Hamilton et l'épilepsie elle-même est étonnante et vraiment intéressante. Louise Fein, l'autrice, a été confrontée à la maladie. Lorsqu'elle fait des recherches sur les traitements existants, elle découvre les techniques de guérison des années 1920, dont certaines, terribles, consistaient à l'enfermement des malades et à l'abrutissement médicamenteux sans se soucier du respect du malade. Avec "L'enfant du secret", on voyage entre l'Angleterre, la France et les Etats-Unis. On comprend l'évolution de la maladie et on assiste aux techniques douteuses de certains médecins et scientifiques. Et au milieu de tout cela, on ressent le désespoir d'une famille. Edward et Eleanor seront-ils capable de se confronter à tous pour sauver leur fille ? Le couple survivra-t-il ? Quel sera l'avenir de cette enfant qui ne demande qu'à vivre dans un foyer serein ?
Une excellente lecture !
"Et que fait-on du respect, de la liberté, de la dignité ? Tous les êtres, hommes, femmes ou enfants, n'y ont-ils pas droit, quel que soit leur état de santé ?"
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