Editeur : Mémoire d'Encrier
Genre : Littérature québécoise
Parution : 13 Novembre 2017 - 144 pages
Ma note :
Yammie, tout juste diplômée, quitte l'appartement qu'elle partage avec son petit-ami pour aller s'installer dans une réserve innue de la Côte-Nord et y enseigner le français dans une école du secondaire. Elle-même d'origine innue, elle a vécu dans cette réserve jusqu'à l'âge de sept ans et c'est avec beaucoup d'appréhension qu'elle prépare son emménagement.
A son arrivée, elle découvre sa classe. Mélina, Mikuan, Marc, Rodrigue et Myriam sont des élèves qui ont déjà tous un vécu et une autre manière de voir l'avenir. Certaines jeunes filles sont déjà mères, d'autres ont connu le deuil, le suicide de proches ou la fuite vers une autre réserve, ils ont des passés douloureux auxquels Yammie devra s'adapter.
"Je leur apprendrais le monde. Et comment on le regarde. Et comment on l'aime. Et comment on défait cette clôture désuète et immobile qu'est la réserve, que l'on appelle une communauté que pour s'adoucir le cœur."
Mon ressenti :
Naomi Fontaine est elle-même d'origine innue. L'écriture de son livre a été inspirée de sa propre expérience d'enseignante au sein d'une réserve d'Uashat. "Manikanetish" est le nom donné à l'école, il signifie "petite marguerite" en souvenir d'une femme de cœur qui avait élevé plusieurs enfants orphelins et abandonnés.
L'histoire se déroule en Côte-Nord, province du Québec au Canada, du côté du fleuve Saint-Laurent et des Sept-Iles. Alors que les innus étaient à l'origine nomades, aujourd'hui le peuple vit dans des réserves sédentaires et pratique toujours la chasse et la pêche.
Le récit est écrit à la première personne, on comprend bien que l'auteure nous raconte son histoire : le quotidien dans ce petit village, la rencontre avec des élèves aux caractères déjà bien affirmés, avec leurs difficultés et leurs connaissances de la vie qui sont bien différentes de celles des jeunes adolescents des grandes villes. Sur place, Yammie retrouve ses racines, une partie de sa famille et la vie dans la nature.
Un jour, le directeur de l'école lui confie un projet : monter une pièce de théâtre avec sa classe. Le choix se porte sur "Le cid" de Corneille. Les élèves devront ainsi apprendre un texte et exprimer leurs émotions. Contre toute attente, ce sont des élèves qui vont se soutenir, se motiver et se surpasser.
Des impressions confuses sont exprimées tout au long du récit. Yammie se sentira proche des siens et en même temps aura le sentiment d'être exclue. Elle n'a pas grandi au sein de la réserve et n'a pas d'amis sur place, les élèves ne sont pas très bavards et ses collègues sont distants. D'un autre côté, son petit-ami lui manque et cet éloignement sème le doute dans son esprit. A côté de cela, elle s'attache beaucoup à ces jeunes qu'elle a trouvé plein d'espoir et de sérénité malgré leur jeune âge : "La sérénité d'accepter les choses que nous ne pouvions changer".
"Manikanetish" est une lecture que j'ai beaucoup aimée. J'ai trouvé l'écriture fluide et légère et j'ai ressenti beaucoup de douceur dans les mots posés. Les chapitres sont courts, dont certains font parfois deux pages seulement. J'avais du mal à m'arrêter de lire en me disant à chaque fois que le prochain chapitre serait le dernier mais, désireuse de connaître la suite, les chapitres se sont enchaînés d'un trait et finalement c'est tout le livre qui a été englouti à grande vitesse.
Naomi Fontaine est une auteure québécoise d'origine innue originaire de la communauté d'Uashat. Elle a fait des études de littérature à l'université de Laval. Elle écrit "Kuessipan" son premier livre en 2011 "Manikanetish" est son deuxième roman.
La revue Le Libraire l'a nommée "Révélation de l'année" en 2011 et a fait partie des "Femmes 2011 de l'année du magazine Elle Québec".
J'ai beaucoup aimé, moi aussi. Une certaine légèreté flotte au-dessus de ce roman et c'est pour le moins rafraîchissant.
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec toi. Peut-être juste un peu trop court...
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