La commode aux tiroirs de couleurs - Olivia Ruiz

 Auteur : Olivia Ruiz

Editeur : Le livre de poche

Genre : Littérature française

Parution : 02 Juin 2021   -   192 pages

Ma note :

⭐⭐⭐⭐⭐

Rita, celle que tout le monde appelle Abuela, vient de mourir. Elle laisse derrière elle son époux, ses enfants et ses petits-enfants. La narratrice est sa petite-fille. Elle parle de son chagrin, de ses souvenirs. Et, de la commode, objet de convoitise et de curiosité, un meuble qu'elle a toujours vu depuis son enfance. Il était interdit d'y toucher. On imaginait pleins d'histoires à son sujet.

Que renfermait-elle avec tous ces tiroirs de couleurs ?

Aujourd'hui, c'est elle qui en a hérité. Il est temps d'ouvrir les tiroirs et les lettres qu'ils contiennent, puis de découvrir ses secrets.

"Je me suis assise devant la commode aux tiroirs de couleurs. A nous deux maintenant, l'Abuela. Surprends-moi. Encore."

Ouvrir le premier tiroir c'est entrer immédiatement dans le passé de Rita. Le récit commence l'année de ses dix ans, en Espagne. Nous sommes à la fin des années 1930. Le pays est en pleine guerre civile. Le conflit oppose les franquistes et les républicains. Il y a beaucoup d'arrestations et d'exécutions. On livre au silence tous les opposants du dictateur Franco. Les parents de Rita sont des résistants. La sécurité de la famille est de plus en plus limitée. Il est temps de faire partir les femmes et les enfants de l'autre côté de la frontière. Le sud de la France s'apprête à accueillir des milliers d'espagnols fuyant le régime et la guerre.

Alors que sa mère décide de rester auprès de son mari, Rita et ses sœurs doivent partir pour la France. Le voyage est long. Elles finissent par arriver à destination et sont emmener dans un camp, avant d'être conduite dans un quartier gitan de Marseillette où vit une majorité d'espagnols.

Dans ses écrits, Rita raconte son exil et les mois qui suivent. L'école, l'apprentissage du français, son adolescence, ses premiers amours, tout est dévoilé au fil des pages.

En France, elle y reste et y construit sa vie de femme, puis d'épouse, de mère.

Et c'est aujourd'hui sa petite-fille qui entre dans toute son intimité et qui lit tous les secrets bien gardés depuis des décennies.

"Une partie de moi était restée coincée là-bas. L'enfant rêveuse et légère que j'étais ne m'avait pas suivie. Elle avait dû se perdre dans les Pyrénées. Je l'avais abandonnée comme on rompt avec un regret. Sans explication, uniquement parce que je savais que la maintenir en vie maintiendrait la douleur. Il fallait bien choisir."

Dans son récit qui fait certainement écho à son histoire familiale, Olivia Ruiz raconte la guerre, l'exil et les conséquences sur la vie et l'avenir de toutes ses familles qui ont dû fuir le régime. Un roman écrit avec pudeur, nostalgie et surtout avec beaucoup d'espoir. Un vrai régal.