Une femme - Annie Ernaux

 Auteur : Annie Ernaux

Editeur : Editions Folio

Genre : Littérature française, contemporaine

Parution :  06 Octobre 2011   -   106 pages

Ma note :

⭐⭐⭐⭐

"Ma mère est morte le 7 avril à la maison de retraite de l'hôpital de Pontoise, où je l'avais placée il y a deux ans." 

Nous sommes en 1986. Dans ce court roman, Annie Ernaux évoque la vie et la mort de sa mère, Blanche. Elle y retrace les souvenirs et l'existence de celle-ci, de sa vie à l'usine dès son adolescence, à la maison de retraite qui l'accueille en fin de vie.

La mère de l'écrivaine vient d'une famille normande modeste. Elle n'a pas fait d'études, a travaillé très jeune, s'est mariée et a fondé une famille. Souhaitant s'élever socialement et intellectuellement, elle ouvre un commerce alimentaire avec son époux. Puis, propriétaire d'une épicerie, elle devient commerçante. La famille s'agrandit. Le couple accueille une première petite fille qui décède. La seconde est Annie.

Annie grandit à Yvetot en Haute-Normandie. Elle est bien élevée. On lui apprend les bonnes manières, à bien se tenir, à s'exprimer. Elle va à l'école, poursuit des études à Rouen puis Bordeaux. Son parcours est celui que sa mère n'a pas eu. Cette réussite éloigne pourtant les deux femmes.

Dans son roman, Annie Ernaux s'efforce de retrouver les différents visages et les étapes de la vie de Blanche, décédée en 1986 au terme d'une maladie qui a détruit sa mémoire et son intégrité intellectuelle et physique.

"Ceci n'est pas une biographie, ni un roman naturellement, peut-être quelque chose entre la littérature, la sociologie et l'histoire. Il fallait que ma mère, née dans un milieu dominé, dont elle a voulu sortir, devienne histoire, pour que je me sente moins seule et factice dans le monde dominant des mots et des idées où, selon son désir, je suis passée."

La guerre, le deuil, l'époque, le choc des générations et la jeunesse des années 1960 qui aspire à autre chose que celle des anciens sont évoqués avec beaucoup de finesse.

Un texte sensible, intime et profondément humain 

sur le deuil, la relation mère-fille,

un témoignage d'une grande douceur.

"Je voudrais saisir la femme qui a existé en dehors de moi, la femme réelle née dans le quartier rural d'une petite ville de Normandie et morte dans le service de gériatrie d'un hôpital de la région parisienne. Ce que j'espère écrire de plus juste se situe sans doute à la jointure du familial et du social, du mythe et de l'histoire. Mon projet est de nature littéraire, puisqu'il s'agit de chercher la vérité sur ma mère qui ne peut être atteinte que par des mots. Mais je souhaite rester, d'une certaine façon, au-dessous de la littérature."