Editeur : Albin Michel et le livre de poche dans sa version poche
Genre : littérature japonaise
Parution : 3 Février 2016 (Albin Michel) et 3 Mai 2017 (le livre de poche)
Pages : 224
Ma note : 💗
A Tokyo, Sentarô est marchand de dorayaki, une pâtisserie japonaise composée de deux crêpes enveloppant une pâte de haricots rouges. Un jour, une vieille dame se présente à la boutique et demande à être embauchée. Elle va alors lui apprendre la méthode de confection de cette pâtisserie. Les clients vont se faire de plus en plus nombreux et les ventes vont considérablement augmenter. Mais, un jour, la vieille dame décide de ne plus venir à la boutique.
Mon ressenti :
Voilà mon deuxième coup de cœur de la semaine. C'est chose rare. Aussitôt lu, je me suis empressée de me mettre au clavier pour en parler.
Abordant les thèmes de la solitude et du rejet, ce livre est plein de poésie. La lecture du roman m'a apporté beaucoup de douceur et de calme. Les personnages sont touchants et attachants. L'évolution de leur relation se fait tout en délicatesse.
D'abord, il y a Sentarô qui gère la boutique pour éponger une dette envers son propriétaire. Il n'aime pas son travail. Son objectif était de devenir écrivain. Lorsque la vieille dame se présente à la boutique pour demander à y travailler, il refuse. Mais, elle revient chaque jour et réussi à le convaincre. C'est ainsi que Tokue est engagée. Cette décision va tout changer.
Tokue est une dame âgée de 76 ans. Elle a la particularité d'avoir les doigts des mains déformés. Cependant, c'est une excellente pâtissière. Pas à pas, elle va apprendre à Sentarô une méthode de confection de la pâte de haricot différente de celle qu'il utilise habituellement. La seule condition pour qu'elle travaille dans la boutique est qu'elle ne rencontre pas les clients. La vue de ses doigts risquerait de faire fuir la clientèle.
Sentarô se rend compte au fil des jours que les ventes augmentent. L'arôme et le parfum des dorayaki n'ont plus rien à voir avec les anciens. Tokue prend grand soin des haricots et accomplit chaque opération avec minutie indépendamment de son handicap. Son secret : "écouter la voix des haricots". Un jour, alors que Sentarô est malade et reste chez lui, Tokue se rend à la boutique pour travailler et fini par rencontrer les clients. Elle se dévoile aux yeux de tous et sympathise particulièrement avec les collégiennes et les lycéennes qui viennent déguster un dorayaki après l'école. Le contact humain que lui procure ces rencontres lui fait le plus grand bien. Sortie de sa solitude, elle retrouve enfin le bonheur.
Cependant, la maladie qui a déformé ses doigts dans sa jeunesse commence à se savoir. Les gens viennent de moins en moins. Tokue démissionne.
J'ai eu la chance de découvrir le Japon il y a une dizaine d'années. J'y ai passé 3 semaines magnifiques durant la période automnale, saison où les érables sont les plus beaux. Cependant, je n'ai pas vu les cerisiers en fleurs si poétiquement décrits par Durian Sukegawa tout au long du récit.
J'ai lu le livre en une journée et j'ai beaucoup aimé la finesse d'écriture de l'auteur. "Les délices de Tokyo" est une lecture qui fait du bien. J'y ai retrouvé le respect de la nature et l'esprit japonais.
L'auteur a choisi les mots justes dans ses descriptions que ce soit dans la préparation et l'observation attentives des haricots par Tokue, qu'à l'attention portée aux cerisiers qui fleurissent et qui changent au gré des saisons.
Le mystère entourant la vieille dame, la transmission de son savoir, l'attachement des personnages sont évoqués avec beaucoup de simplicité et de naturel.
Une superbe lecture qui apporte du réconfort et du bien-être.
Un véritable coup de cœur.
Un livre que je conseille à tous.
" Quand je faisais cuire la pâte de haricots, vous me demandiez souvent ce que je fabriquais, n'est-ce pas ? Vous me demandiez si j'entendais quelque chose... Je n 'aurais pas su quoi vous dire si ce n'est que j'étais à l'écoute mais il me semblait qu'une telle réponse vous aurait perdu, alors j'ai préféré rester vague.
Il s'agit de bien observer la mine des haricots azuki. De s'ouvrir à ce qu'ils ont à nous dire. C'est, par exemple, imaginer les jours de pluie et de beau temps qu'ils ont connu. Ecouter l'histoire de leur voyage, des vents qui les ont portés jusqu'à nous.
Je suis convaincue que chaque chose ici-bas est douée de parole. A mon avis, on peut prêter l'oreille à tout, aux passants dans la rue devant la boutique, à tout ce qui est vivant, et même aux rayons du soleil et au vent...".
L'auteur :
Durian Sukegawa est un auteur japonais né à Tokyo en 1962. Il exerce les professions de romancier, poète mais également clown. Il est diplômé de l'école de pâtisserie du Japon. En 1990, il fonde "la société des poètes qui hurlent" alliant la lecture de poèmes et la musique punk. De 1995 à 2000, il est animateur radio.
Il a écrit plusieurs romans et essais. "Les délices de Tokyo" est son premier ouvrage traduit en français. Le roman a été adapté au cinéma en 2015 par Naomi Kawase.
Le 3 mai 2017, "le rêve de Ryôsuke" , son deuxième roman, est publié aux éditions Albin Michel.
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