Auteur : Amélie Nothomb
Editeur : Editions Albin Michel
Genre : Littérature française, contemporaine
Parution : 23 Août 2023 - 162 pages
"À l'âge de cinq ans, je fus arrachée au Japon. Mon père fut posté à Pékin, ce qui, en 1972, n'avait pas de quoi le réjouir. Je me rappelle mon premier réveil en Chine Populaire. C'était l'été et j'avais beau tendre l'oreille, quelque chose manquait. Il me fut difficile d'identifier la nature de cette carence. Il s'agissait du chant des oiseaux."
"Psychopompe" est le nouveau roman d'Amélie Nothomb. Il débute par joli conte japonais sur l'histoire d'un oiseau sacré qu'on lui racontait lorsqu'elle était enfant. L'autrice explique entretenir une fascination pour les oiseaux et l'ornithologie depuis cette époque.
A partir de ce moment, elle évoque son enfance. Fille d'un ambassadeur belge, elle a vécu au Japon, en Chine, au Laos, au Bangladesh, en passant par New York. La période dont elle s'attache essentiellement ici est celle du Bangladesh. Dans ce pays, c'est le choc des cultures et des modes de vie. A l'âge de douze ans, elle y subit une terrible agression lors d'une baignade en mer. Elle évoque ce moment, très brièvement, avec retenue et nomme ses agresseurs "les bras de la mer".
Par la suite, son récit évolue vers le terme de "psychopompe", un mot issu de la mythologie représentant ce qui est proche de la mort, et qui conduit les âmes vers l'au-delà. Amélie Nothomb explique comment cet événement dramatique, puis les années qui ont suivi, ont façonné l'écrivaine qu'elle est devenue.
Il s'agit du livre autobiographique le plus profond et le plus intime que l'autrice ait écrit. Un très beau texte, très imagé, écrit avec pudeur. Un grand coup de cœur.
"Désormais, écrire, ce serait voler. Je ne suggère pas que me lire soit un exercice d'altitude, je sais que quand j'atteins mon écriture, je vole. Mon rêve prit sens. Oui, j'avais découvert la gymnastique qui permettait de s'envoler : il s'agit de se positionner d'une manière particulière à l'intérieur de soi, de saisir le bon angle et la juste distance et de se précipiter.
Se précipiter au sens propre : se lancer, tête la première, dans le précipice. Voir le sol se rapprocher et battre des ailes, non pas par fantaisie mais afin de ne pas s'écraser.
C'est aussi pour cela que je ne crois pas aux ratures. Dans mon cas, tomber, c'est mourir. S'il m'arrive parfois de raturer, c'est sous l'effet d'un faux battement d'ailes, j'ai pu me rattraper à une branche au passage. Si je m'effondre, c'est que le manuscrit est raté. La résurrection s'effectuera dans un manuscrit ultérieur, pas dans le texte qui a donné lieu à ma chute.
Quand Rilke dit que l'écriture doit être une question de vie ou de mort, je n'y vois aucune métaphore."
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