25 août 2017

Savana Padana - Matteo Righetto

Auteur : Matteo Righetto
Editeur : La Dernière Goutte - collection "fonds noirs"
Genre : Littérature italienne
Parution : 6 Avril 2017   -   128 pages


Ma note :

San Vito, un petit village dans la région de Padoue en Italie du Nord est un lieu où vivent trois groupes mafieux. Des truands italiens, des chinois et des gitans se partagent le territoire en divers trafics, chaque gang maintient ses distances et reste à sa place sans empiéter dans les affaires des autres. Sauf qu'un jour, à l'approche de la fête de la Saint-Antoine, de nouveaux arrivants dans le clan des gitans ont la mauvaise idée de cambrioler la demeure d'Ettore Bisato, surnommé "la bête".


Mon ressenti :

Matteo Righetto est un auteur, aussi discret que ses oeuvres, que je ne connaissais absolument pas. J'ai pu découvrir cette première lecture avec un réel plaisir et j'ai d'ailleurs lu le roman en un après-midi, tranquillement au soleil. Le style littéraire m'a beaucoup plu. Le langage est franc et direct, le tout avec une pointe d'humour et d'ironie. La couverture du livre donne le ton : on s'attend à de l'action.

J'ai aimé l'environnement dépeint qui situe l'histoire dans la campagne italienne en plein été avec un temps caniculaire. San Vito est une commune où l'on trouve une église, trois immeubles et quelques pavillons. Une ligne droite coupe le village en deux avec un bar de chaque côté :
- le " Bar Sport" tenu par Toni, un italien du coin, taulier depuis toujours et qui gère l'affaire que lui a légué son père. Tous les habitués du village se retrouvent dans son établissement pour y siroter la grappa ou autres spécialités locales.
- le "Bar Centrale" tenu par des chinois est un établissement fréquenté par des gitans et quelques maghrébins. Le propriétaire est un mafieux appelé "le tigre".

Les personnages sont décrits sans pincettes. Ils sont sales, mal élevés, dangereux et malsains. On y trouve les gitans (Narcis, Sonni, Steva, Tuono, Rémus), des voleurs qui ont acheté une immense villa "hollywoodienne" dans la commune mais qui vivent dans leurs caravanes tout autour, en groupe, protégeant leurs trafics et leur chef. Ils vivent essentiellement de cambriolages, contrefaçons, arnaques en tout genre, mendicité et vols à la tire.
De leur côté, les italiens (Sante, Nibule, Nini, Ottorino et Berto), sont des mafieux au service d'Ettore, leur chef. Ce dernier est un personnage discret et dangereux. Très riche, ses principaux trafics sont la drogue et le braquage de banque. Il se partage le secteur avec "le tigre".
Les chinois, quant à eux, sont très discrets et font peu parler d'eux. Leur chef, "le tigre", se montre à la tombée de la nuit, lors de la fermeture du bar pour récolter la recette du jour. Il utilise l'arrière boutique de l'établissement pour divers trafics. C'est un personnage dont il faut se méfier, il est effacé mais surveille tout, il est très malin et mielleux à souhait quand cela peut servir ses propres intérêts.

L'histoire est simple mais si bien décrite qu'elle est prenante. Le ton est humoristique, j'ai bien ri à la lecture du récit. L'intrigue débute quelques jours avant le 13 juin, fête de la Saint-Antoine chère aux gitans. Des dizaines de caravanes en provenance de toute l’Europe arrivent à la villa chaque année. Les gitans se réunissent pour assister à la grande messe qui est organisée à la Basilique de Padoue. Ce rassemblement dure environ une semaine et à cette période, le taux de cambriolages explose à San Vito. Les carabiniers dirigés par un certain Tommaso Crado, policier ripou, sont aux aguets pour qu'il n'y ait pas de dérapages.
Seulement, cette fois-ci, erreur fatale : la demeure d'Ettore Bisato est cambriolée. Il découvre qu'on lui a volé de l'or, des bijoux, des tableaux et...la statue de Saint-Antoine, un objet auquel il tient par-dessus tout. Les gitans sont vite soupçonnés. 
C'est le début d'un certain nombre d'événements incontrôlables.

Au travers de son récit, Matteo Righetto nous emmène sur le terrain des mafias italienne, chinoise et gitane et de la police corrompue. L'écriture est aisée, le langage cru. L'organisation des bandes, les dialogues tenus, même les sms échangés sont décrits avec ironie, voire moquerie dans certains passages. Les personnages sont des clichés, de véritables caricatures. La construction du récit est bien pensée, tout s'enchaîne de façon naturelle et fluide. On arrive à la fin sans s'en rendre compte.

"Savana Padana" a été une très bonne lecture, surtout en cette période de l'année où j'aime bien lire des récits simples et frais. J'ai vraiment été entraînée dans l'histoire alors que ce genre littéraire ne fait pas parti de mes lectures habituelles. 
Le seul bémol : le roman était peut-être un peu trop court.

L'auteur :

Matteo Righetto est un écrivain italien né à Padoue en 1972. Titulaire d'un diplôme de littérature moderne, il a enseigné la langue et la littérature italienne à l'Université de Venise. Il publie son premier roman en 2009 sous le titre de "Savannah Po". En 2011, il écrit "Bicchiglione Blues", puis "La peau de l'ours" en 2013, "Ouvrez vos yeux" en 2016, "D'où vient la neige" et "L'âme de la frontière" en 2017.




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