Auteur : Annie Ernaux
Editeur : Editions Folio
Genre : Littérature française, contemporaine
Parution : 17 Août 2023 - 96 pages
" C'est une photo de couleur sépia, ovale, collée sur le carton jauni d'un livret, elle montre un bébé juché de trois quarts sur des coussins festonnés, superposés…
Quand j'étais petite, je croyais - on avait dû me le dire - que c'était moi. Ce n'est pas moi, c'est toi."
Par ses premiers mots, Annie Ernaux adresse une lettre ouverte à sa sœur, Ginette, décédée en 1938 de la diphtérie à l'âge de 6 ans, soit deux ans avant sa naissance.
Elle ne l'a jamais connu. À la maison, on en parlait pas. Annie a grandi dans ce silence sans jamais rien demander.
Alors, en 2010, elle écrit ce texte qu'elle lui adresse, comme un besoin de se livrer et de se libérer.
" Toi la bonne fille, la petite sainte, tu n'as pas été sauvée, moi le démon j'étais vivante. Plus que vivante, miraculée. Il fallait donc que tu meures à six ans pour que je vienne au monde et que je sois sauvée."
"L'autre fille" est un texte court écrit en 2011 dans lequel l'autrice évoque non seulement la mort de Ginette tout en remontant le fil de sa vie et de sa propre existence. Elle évoque la fierté de son père, la dureté et la retenue de sa mère. C’est d'ailleurs après avoir écrit "La place" en hommage à son père, qu'elle a ressenti le besoin d'écrire sur elle afin de la faire revivre le temps de quelques pages et de lui parler de ses émotions.
Annie Ernaux parle de son enfance et de sa jeunesse à Yvetot en Normandie, puis de cette sœur qui ne l'est pas vraiment car elles ne se sont jamais connues, n'ont jamais joué ensemble, ne se sont jamais parlées ni touchées. Elle ne la voit qu'en photo. Ce n'est qu'une image.
" Il tend à faire de toi la cause de mon être, à rabattre la totalité de mon existence sur la disparition."
J'ai adoré cette lecture, il s'agit d'une de mes préférées de l'autrice. Je l'ai trouvé profonde, touchante. Il s'y dégage beaucoup de sensibilité. En dévoilant une partie de son histoire familiale, elle aborde la question du deuil d'un enfant, de la fratrie, des non-dits et du poids du silence.
"T'écrire, c'est faire le tour de ton absence."
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